La myothérapie au cabinet, comment ça se passe?
La Brachy-Myothérapie
Quelles sont les particularités de la méthode diagnostique et thérapeutique appelée (Brachy-) Myothérapie ?
La contracture, une fois installée, n’a aucune tendance à guérir spontanément (contrairement à ce qui est parfois affirmé dans la littérature – mais il suffit d’examiner un patient pour constater l’évidence de la persistance du dysfonctionnement musculaire).
Cependant, comme il ne s’agit que d’une boucle réflexe auto-entretenue (voir plus loin), il suffit de couper ce réflexe pour faire cesser la contracture et tous les symptômes qui lui étaient dus. C’est ce que permet spécifiquement la Myothérapie, en mettant le muscle en position de raccourcissement passif.
Grâce à cette approche simple, les troubles de l’appareil locomoteur (ou autres) qui persisteront autrement sans tendance à s’améliorer, sont assez simples à guérir.
Bref, les contractures, causes de si nombreuses pathologies, sont spontanément irréversibles, mais réversibles sous traitement.
La Myothérapie est donc une technique simple, relevant du même processus pour chaque muscle concerné, puisque le mécanisme de la contracture est unique et que la seule cause aux pathologies mentionnées ci-dessus (et dans les études statistiques ou comparatives qui ont été faites) est toujours et seulement la contracture post-traumatique persistante.
Pour faire cesser la boucle réflexe auto-entretenue (ou boucle β – voir plus loin) qui maintient la contracture, il conviendra de mettre le muscle concerné en position de raccourcissement (et non d’étirement, l’étirement provoquant un Réflexe Myotatique qui risque d’aggraver la contracture, ou d’annuler tout autre mécanisme par lequel on espère agir, comme les récepteurs tendineux de Golgi).
D’où le nom complet de la méthode : ‘Brachy-Myothérapie’, brachy venant du grec qui signifie court : le muscle contracturé est raccourci, et le traitement se fait en le raccourcissant encore plus… Ceci doit cependant se faire selon un protocole simple mais précis.
Quelques autres spécificités de la Myothérapie
D’autres éléments importants contribuent à l’originalité de la Myothérapie, en plus du fait de raccourcir les muscles contracturés comme seul traitement.
Les deux principales sont les suivantes :
Le processus de compensation
1) La cause première des symptômes dont souffre le patient se trouve en général à distance dans l’organisme.
En pratique, et cette constatation n’a jamais été mise en défaut, seuls les muscles du cou ou de la cheville peuvent se contracturer de façon primaire après un choc.
Il s’agit en fait de deux zones du corps où les muscles travaillent sans cesse dès que l’on est assis (cou, pour contrebalancer le déséquilibre antérieur du crâne, entre-autres) ou debout (cou & chevilles, pour contrebalancer le déséquilibre antérieur du corps, entre-autres). Ces muscles sont donc plus sollicités (surmenés, fragilisés) que les autres muscles du corps qui finalement ne se contractent qu’occasionnellement.
Cependant nous avons dit que l’on constate que quasiment toutes les douleurs articulaires sont dues à des contractures. En pratique l’organisme semble répartir les contractures primaires cervicales ou de la cheville sur tout le corps (de façon aléatoire, pas selon des ‘chaînes musculaires’ prédéfinies), par différents mécanismes, pour soulager la localisation primaire, provoquant ainsi une hypertonie latente de la plupart des muscles de l’organisme, qui se manifestera cliniquement à tel ou tel endroit à la suite d’un facteur déclenchant, qui n’est donc pas la cause, car il ne fait qu’augmenter un tonus déjà anormalement élevé.
Les facteurs déclenchants possibles sont nombreux et variés : cependant comme ce sont souvent des chocs, ils sont trop souvent pris pour la cause, ce qui aboutit dans ce cas à des échecs thérapeutiques ou des rechutes. Car la seule véritable cause est à chercher au niveau des contractures post-traumatiques (récentes ou anciennes, et souvent asymptomatiques puisque bien compensées) du cou ou des chevilles. Traiter celles-ci est toujours nécessaire et souvent suffisant. Il est donc fréquent de ne pas s’occuper de la région douloureuse… pour justement traiter celle-ci – qui n’est qu’une compensation décompensée !
2) La seconde originalité importante de la Myothérapie est la suivante :
On sait qu’il existe deux sortes de fibres musculaires squelettiques :
- les fibres de type I, à contraction durable après une légère latence de mise en route ;
- les fibres de type II, à contraction rapide mais brève.
En pratique les muscles sont composés essentiellement de l’une ou bien de l’autre sorte de fibres (ce qui correspond en gros à la distinction entre muscles rouges et muscles roses).
Chaque muscle a donc soit une fonction de mobilisation de l’articulation, de mouvement, quand il contient essentiellement de fibres de type II – ces muscles sont dits dynamiques ; soit une fonction de maintien de position ou de posture s’il est composé essentiellement de fibres de type I – ces muscles sont dits toniques.
Ce qui nous importe surtout, c’est que seuls les muscles toniques peuvent présenter des contractures – notamment parce que les motoneurones des fibres dynamiques intègrent des ‘coupe-circuits’, les cellules de Renshaw, qui empêchent une contraction prolongée, ce que le système neurologique gouvernant les muscles toniques ne possède pas.
Muscles dynamiques et toniques
Or il y a environ autant de muscles qui créent des mouvements que de muscles qui maintiennent les positions ainsi obtenues. Seuls plus ou moins la moitié des muscles du corps peuvent donc être contracturés et provoquer les diverses pathologies déjà citées, et seuls ceux-ci devront donc être traités. Encore faut-il savoir quels sont les muscles toniques…
Nous avons pu établir la liste précise des muscles toniques, grâce notamment à l’observation clinique, car il n’existe pas à notre connaissance de classification précise des muscles.
Cette liste permet de cibler au mieux le traitement, ce qui permet une plus grande efficacité.
Comment fonctionne
le réflexe Myotatique ?
Pour comprendre ce qui suit, un bref rappel de la physiologie musculaire est d’abord nécessaire (pour plus de détails voir la rubrique ‘Bases physiologiques de la Myothérapie’).
Un muscle squelettique est fait de deux sortes de fibres. Il est bien sûr constitué essentiellement de fibres qui permettent son raccourcissement. Ces fibres, dites extrafusales, sont surtout stimulées par les motoneurones alpha (MNa) partant de la corne antérieure de la moelle. Cependant parmi cette masse de fibres ‘classiques’ se trouvent disséminées des fibres particulières, structurées en 3 parties : les deux extrémités sont contractiles, mais la partie centrale est sensible à l’étirement ; ce sont les Fuseaux Neuro-Musculaires (FNM), dont la partie centrale est nommée Récepteur Annulo-Spiralé (RAS) – parce que la fibre nerveuse qui en part, la fibre Ia, s’enroule autour de son point de départ.
Cette fibre Ia, stimulée par l’étirement du RAS – ce qui se produit quand le muscle est étiré – va stimuler à son tour le MNa à la corne antérieure de la moelle, lequel stimule les fibres musculaires extrafusales, provoquant leur contraction et le raccourcissement du muscle : le lecteur aura reconnu la description du Réflexe Myotatique cité en début d’article : ‘tout muscle étiré se contracte’.
Cette description n’est cependant pas tout à fait complète. En effet les MNa n’innervent pas les Fuseaux Neuro-musculaires. Or si l’on y réfléchit, puisque c’est leurétirement qui provoque le Réflexe Myotatique, il faut qu’après l’étirement musculaire qui les a étirés, ils se raccourcissent autant que l’ensemble du muscle, pour pouvoir réagir efficacement à tout nouvel étirement. Ceci se fait d’une part par un effet d’entraînement mécanique lors du raccourcissement du muscle, suffisant pour que le RAS ne soit plus étiré et qu’ainsi le Réflexe Myotatique cesse, mais insuffisant pour vraiment remettre ‘en tension’ le FNM afin de lui permettre d’être parfaitement réactif.
Le reflexe myotatique
Ici interviennent les 2 parties périphériques contractiles du FNM. Celles-ci sont innervées par des motoneurones un peu différents des motoneurones alpha, les motoneurones bêta (MNβ). Ceux-ci, partant également de la corne antérieure de la moelle, innervent les deux extrémités contractiles des Fuseaux Neuro-musculaires, ainsi que les fibres musculaires ‘classiques’ (dites extrafusales, puisqu’elles ne font pas partie des Fuseaux Neuro-musculaires).
La fibre Ia décrite plus haut, débutant au RAS du FNM, stimule aussi bien les MNa que les MNβ. Ainsi quand le muscle se contracte suite à un étirement, les extrémités des Fuseaux Neuro-musculaires se contractent également. Les MNβ semblent donc procéder ainsi à un bref ajustement qui permet la remise en tension des Fuseaux Neuro-musculaires.
Comment explique-t-on les contractures ?
L’on constate cliniquement que les contractures apparaissent après un choc physique violent. Pour mettre cette constatation en rapport avec ce que nous venons de voir, nous devons nous rappeler que le choc provoque presque toujours un étirement musculaire (voir le schéma en début d’article), lequel provoque un Réflexe Myotatique aboutissant quasi-instantanément à une contraction réflexe du ou des muscles concernés, qui va protéger l’articulation contre la dislocation (ce que ne peuvent pas faire les ligaments qui ne sont en général que des ‘garde-fous’ suffisamment lâches pour permettre les mouvements articulaires).
L’intensité de la contraction due au Réflexe Myotatique est fonction de la rapidité de l’étirement musculaire et/ou de l’amplitude de celui-ci : autrement dit, plus le choc est brusque et intense, plus la contraction réflexe sera importante. La force de contraction est donc proportionnelle à celle du choc, ce qui est parfaitement adapté à la fonction de protection.
Au niveau neuro-musculaire ceci s’explique de la façon suivante : plus l’étirement du muscle est brusque, plus les Fuseaux Neuro-Musculaires (FNM) sont étirés rapidement. Et plus la partie centrale de ceux-ci, le Récepteur Annulo-Spiralé (RAS), est étiré rapidement, plus elle envoie d’impulsions par les Fibres Ia vers les motoneurones alpha et bêta ( MNa et MNβ). Et plus fortement ceux-ci sont stimulés, plus fortement ils vont à leur tour stimuler les fibres musculaires qu’ils commandent, à savoir les fibres extrafusales pour les MNa, et les fibres intrafusales (et extrafusales) pour les MNβ.
Pour les MNa, ceci explique que plus l’étirement est rapide ou intense, plus la contraction réflexe est importante.
Cependant pour les MNβ, dont on se rappelle qu’ils sont censés ajuster la tension des FNM à la longueur du muscle, plus les parties contractiles périphériques seront stimulées, plus la partie centrale sera étirée. Au delà d’un certain seuil de rapidité et d’importance de l’étirement ce n’est plus un ajustement qui va se faire, mais un cercle vicieux qui va s’installer : les parties contractiles distales étirant fortement la partie centrale (RAS), celle-ci envoie des impulsions importantes aux motoneurones par les Fibres Ia, et les MNβ vont re-stimuler de façon importante les parties contractiles des FNM, qui ré-étirent les RAS, etc… Une boucle réflexe s’est créée, qui stimule également en permanence les fibres extrafusales, donc crée une contraction permanente du muscle concernée (ou d’une partie de celui-ci) : c’est la contracture.
La boucle réflexe dépendant surtout des MNβ, nous l’appellerons ‘Boucle β’. Puisque cette boucle monosynaptique (donc purement médullaire, sans implication du système nerveux supérieur), une fois installée, s’auto-entretient, et n’a aucune raison de cesser spontanément, une contracture n’a aucune tendance à cesser spontanément, et se retrouve (si on la cherche…) des années après son installation.
(On ne confondra pas cette boucle réflexe avec la ‘boucle gamma’. En effet la boucle décrite ci-dessus n’a guère de rapports avec les motoneurones gamma. Bien que ceux-ci innervent également les parties contractiles des fibres intrafusales, elles dépendent du système nerveux supérieur. On peut simplement noter que les MNɣ sont par exemple stimulés en cas de stress, et augmentent alors encore la contraction de FNM, expliquant que les contractures et leurs symptômes sont aggravés en cas de stress.)
Comment expliquer l’action de la Myothérapie ?
Une contracture persiste donc parce que le Récepteur Annulo-Spiralé (RAS), partie centrale du Fuseau Neuro-Musculaire, est étiré en permanence par les parties contractiles distales, provoquant ainsi la stimulation permanente des fibres musculaires (Boucle β). Si l’on veut faire cesser une contracture, la façon la plus simple est de faire cesser l’étirement du RAS en raccourcissant celui-ci mécaniquement (il y a des méthodes plus complexes – mais la simplicité est gage d’efficacité).
Pour cela il suffit de raccourcir le muscle lui-même. Donc de mettre l’articulation gouvernée par le muscle concerné dans une position qui permette le raccourcissement maximum de celui-ci.
C’est donc ce que nous faisons en Brachy-Myothérapie : après un diagnostic précis chaque muscle raccourci par une contracture est raccourci un peu plus, pendant une durée précise et selon un protocole précis.
Le RAS n’étant plus étiré cesse aussitôt de stimuler les motoneurones, et la contraction permanente qu’est la contracture cesse aussitôt. C’est aussi simple et logique que cela.
Il faut cependant en général répéter quelques fois ce traitement dans la mesure où des muscles antagonistes sont contracturés : un muscle hypertonique se laisse difficilement étirer, ce qui empêche de raccourcir l’antagoniste au maximum, donc de tout traiter parfaitement dès la première fois. Mais en général 4 à 6 séances suffisent, en moyenne, pour traiter l’ensemble des contractures.
A condition de traiter la cause première située au cou ou aux chevilles, comme nous l’avons expliqué plus haut.
Quelques résultats
La simplicité de la méthode explique aussi son efficacité. Que l’on en juge par quelques résultats : dans tous les cas seules les contractures ont été traitées par la Myothérapie.
A noter qu’il est bien rare que l’efficacité d’une thérapie manuelle soit sérieusement évaluée – mais nous avons estimé que l’on ne pouvait pas affirmer que la Brachy-Myothérapie est efficace sans en apporter les preuves.
- Étude comparative sur les douleurs du Coude : 3 fois plus de guérisons en 2 fois moins de séances par Myothérapie comparée à la kinésithérapie classique ; (étude publiée dans une revue de Kinésithérapie à Comité de Lecture)
- Étude avec mesures radiologiques sur 73 Scolioses idiopathiques de l’enfant ou de l’adolescent : 93 % de redressements de la scoliose (7°degrés en moyenne) + 5 % d’arrêts de l’aggravation ; (étude publiée dans une revue de Kinésithérapie à Comité de Lecture)
- Traitement de fond des Migraines : sur 249 cas, 72 % de guérisons, 14 % d’améliorations, résultats stables avec un recul de 13 ans ; (étude publiée dans une revue suisse de Physiothérapie à Comité de Lecture)
- Étude ‘cross-over’ sur 31 cas de Névralgies Cervico-Brachiales : amélioration moyenne de la douleur 7 fois supérieur par 5 séances de Myothérapie comparées à 5 séances de kinésithérapie classique.